La voie des inseis - stage intensif 2021
Pour cette deuxième édition, je proposai un stage intensif d'influence traditionnelle japonaise pour quelques élèves motivés par l'étude profonde du Go dans un dojo dédié à cet Art.
Première et dernière semaine de juillet, avant et après le camp d'été pour enfants, j'ai reconduit la formule intense de l'été dernier en y ajoutant quelques nouveautés.
Tout d'abord, l'arrivée d'un vrai goban à 4 pieds du Japon ! Ensuite, la mise en place d'une session matinale de Qi Gong pour réveiller le corps tranquillement et se mettre en condition sereine. Et enfin, un nouvel atelier de chasse à la vie et à la mort.
En dehors des parties habituelles et des tsumégos à résoudre, j'ai imposé la prise de note sur kifu papier afin d'entraîner les participants au commentaire de partie. En effet, les débutants ne se souviennent pas toujours de leurs premiers coups, mais avec l'habitude, il est possible de reposer l'ensemble de la partie, et dans le bon ordre ! Le kifu est un peu l'équivalent des petites roulettes lorsque l'on apprend à faire du vélo, mais aussi le moyen d'enregistrer ses parties pour plus tard, et les revoir après quelques mois.
Contrairement à l'an passé, j'ai chouchouté mes élèves en leur donnant tout le confort sur tatami avec de beaux coussins en jute et coton. S'ils n'étaient pas obligés de prendre la difficile position seiza, qui est pourtant la meilleure pour rester bien droit et maintenir sa colonne vertébrale, ils ont pu expérimenter une autre difficulté : le Go à l'aveugle. J'ai fait jouer Lucie et Tony (~10k) les yeux bandés avec Augustin et Maléna (~16k) sur les 19x19 adaptés aux malvoyants. Ainsi, la différence de niveau a été contrebalancée par le handicap visuel pour les deux expérimentés. Toutefois, en gardant une concentration extrême, il est possible de garder son niveau et prendre de l'avance. J'ai moi-même fait l'expérience d'une partie les yeux bandés, avec l'équipe Tony-Lucie en face qui pouvait voir et discuter stratégie. Prévue pour durer 3h, elle s'est conclue au bout de 6h ! Non pas parce que je prenais du temps pour trouver les coups joués avec les mains, mais parce que le binôme adverse réfléchissait à trop de tactiques pour m'écraser. Par exemple, il leur a fallu 20 minutes avant de jouer le coup qui scellerait le destin de la partie, et me donnerait une avance de 17,5 points (dont 7,5 pts de komi pour moi) jusqu'à la fin.
L'autre exercice inédit : la chasse à la vie et à la mort "Go hunting". Le joueur noir pose 17 pierres de handicap et le joueur blanc commence. Si ce dernier réussit à faire 2 yeux, il gagne la partie. Sinon, noir gagne lorsque blanc abandonne car il considère qu'il n'a plus d'opportunités pour vivre. Cet atelier est très intéressant car les deux joueurs ont un objectif précis : tuer ou vivre, et surtout qu'il fait intervenir des tésujis étudiés précédemment dans les livres. Ou comment mettre directement en pratique la théorie des formes. Pour l'instant, je détiens le record de vie en 11 coups 😉 😉 😉
Sinon, il y a aussi les parties à handicap à la japonaise, dans lequel on met le nombre de pierres correspondant à la vraie différence de niveau. Donc avec les enfants débutants, cela peut aller jusqu'à 17, 20, voire 24 pierres d'avance !
Pour terminer, nous avons fait du Pétango et du Go fantôme. D'ailleurs, les gobans à 4 pieds en bois ont une surface moins lisse, ce qui change tout lors de la glissade des pierres pour la première variante. Les stagiaires préfèrent également les pierres blanches en pâte de verre, car elles s'agrippent moins que leurs homologues noires. Sans oublier les jeux de cartes : Dutch et 6 qui prend pour se détendre le midi.
Et voilà, la saison estivale s'achève, et j'ai hâte de retrouver mes élèves à la rentrée !
Kevin Cuello
Crédit photo : Kevin Cuello